Résumé succinct des articles récents que j'ai lus sur le TSA

 


15. Référence : Martel, M., Finos, L., Bahmad, S., Koun, E., Salemme, R., Sonié, S., Fourneret, P., Schmitz, C., & Roy, A. C. Motor deficits in autism differ from that of developmental coordination disorder. Autism, 2023.

  • Les auteurs ont comparé, chez des enfants sans ou avec un TSA ainsi que des enfants avec une dyspraxie, la capacité d'anticipation (feedforward control) et la capacité d'ajustement (feedback control) dans une tâche motrice. Les enfants avec TSA montrent des difficultés dans l'anticipation mais leur capacité d'ajustement reste préservée. Les enfants avec une dyspraxie démontrent le contraire. Ces résultats suggèrent que les enfants TSA peuvent mieux bénéficier des prises en charge visant à améliorer leur capacité d'anticipation en s'appuyant sur leur habilité de représenter et mobiliser les informations sensorielles. Les enfants dyspraxiques pourraient bénéficier des prises en charge visant à améliorer leur capacité à traiter et intégrer plus rapidement les informations sensorielles.      

14. Référence : Galineau, L., Arlicot, N., Dupont, AC. et al. Glutamatergic synapse in autism: a complex story for a complex disorder. Mol Psychiatry, 2022.

  • Les auteurs ont exploré l'hypothèse d'un dysfonctionnement glutamate, neurotransmetteur excitateur, dans le mécanisme de l'autisme. Les résultats en neuro-imagérie ont pu montrer chez les participants adultes humains avec un TSA une densité plus élevée de glutamate, par rapport aux participants contrôles, dans beaucoup de zones cérébrales importantes pour la cognition, la motricité et l'émotion. Chez les modèles animaux TSA (rats exposés au valproate avant la naissance), cette différence n'est observée seulement à partir de l'adolescence. Ces résultats suggèrent que le dysfonctionnement de glutamate n'est probablement pas une cause mais plutôt une conséquence d'un développement atypique du cerveau chez les individus avec un TSA.      

13. Référence : Carter Leno VM, Ali JB, Goodwin A, et al. Infant Excitation/Inhibition Balance Interacts with Executive Attention to Predict Autistic Traits in Childhood. PsyArXiv; 2022.

  • Les auteurs ont étudié le degré de différence entre les activités d'excitation et d'inhibition des activités synaptiques via EEG chez les jeunes enfants à l'âge de 10 mois, 24 mois et 36 mois. Leur résultat suggère qu'un niveau plus élevé de déséquilibre précoce entre les activités synaptiques d'excitation/d'inhibition est associé à plus de traits autistiques à une stade ultérieure, mais cette association est significative seulement chez les enfants qui ont des défaillances de la fonction exécutive. Un travail thérapeutique sur les fonctions exécutives semble bénéfique pour les enfants à risque de développer un TSA. 

12. Référence : Galvin, J., & Richards, G. The indirect effect of self-compassion in the association between autistic traits and anxiety/depression: A cross-sectional study in autistic and non-autistic adults. (2022). Autism.

  • La capacité d'auto-compassion est considérée comme un facteur qui favorise un meilleur bien-être en santé mentale. Cette étude montre que les adultes avec TSA ont un niveau plus bas d'auto-compassion et que le lien entre les traits autistiques et le niveau clinique de dépression/anxiété est modulé par le niveau d'auto-compassion. Ce facteur pourrait effectivement être une cible d'intervention chez les individus avec TSA.


11. Référence :  Meyer-Lindenberg, H., Moessnang, C., Oakley, B. et al. Facial expression recognition is linked to clinical and neurofunctional differences in autism. (2022). Molecular Autism 13, 43.

  • La performance dans la reconnaissance des émotions chez les individus TSA est significativement moins bonne par rapport au groupe contrôle utilisant les images des visages, des yeux ainsi que des images des expressions faciales extraites des films. Les individus TSA sont divisés en deux sous-groupes selon leur performance dans ces tâches : 30% ont une pauvre performance (en-dessous de 2 écart-types) et 70% ont une relativement meilleure performance (moins d'un écart-type). Les individus TSA avec une pauvre performance dans la reconnaissance des expressions faciales ont également plus de difficulté socio-communicative (ADOS) et adaptative (Vineland) et moins d'activation dans la zone amygdale et fusiforme en utilisant un protocole d'IRMf avec expressions faciales de peur et de colère. Le sous-groupe des individus TSA avec significativement plus de difficulté dans la reconnaissance des émotions faciales a probablement plus de besoin de prise en charge ciblée dans ce domaine. 

10. Référence : CK Jin, TF Gu, BJ Shi, X Wang, J Jing, MQ Cao. The association between motor coordination impairment and restricted/repetitive behaviors in autistic children: The partial mediating effect of executive function, (2022). Research in Autism Spectrum Disorders.

  • Les déficits dans la coordination motrice contribuent significativement aux comportements restreints et répétitifs chez les enfants TSA. Les fonctions exécutives semblent jouer également un rôle de médiateur indirect. L'évaluation et la rééducation sur le plan de la coordination motrice sont importantes dans la prise en charge de l'autisme, permettant une amélioration des fonctions exécutives et une diminution des comportements restreints et répétitifs.  


9. Référence : Hennessy, A., Seguin, D., Correa, S., Wang, J., Martinez-Trujillo, J. C., Nicolson, R., & Duerden, E. G. (2022). Anxiety in children and youth with autism spectrum disorder and the association with amygdala subnuclei structure. Autism.

  • Le lien entre le volume des sub-noyaux constituants de l'amygdale et le degré de l'anxiété a été étudié chez les enfants et adolescents avec et sans TSA. Le résultat chez les enfants et adolescents TSA révèle qu'une anxiété cliniquement plus importante est associée à un plus grand volume de sub-noyaux de base et paralaminar droit qui sont connectés aux réseaux limbiques et sont impliqués dans le traitement des informations émotionnelles.    


8. Référence : Pittet, I., Kojovic, N., Franchini, M. et al. Trajectories of imitation skills in preschoolers with autism spectrum disorders. Journal of Neurodevelopmental Disorders 14, 2 (2022).

  • Le déficit dans la capacité d'imitation chez les enfants TSA semble marqué vers l'âge de 2 ans pour ensuite diminuer progressivement jusqu'à l'âge de 5 ans. La capacité d'imitation est significativement corrélée avec le niveau du développement cognitif/du langage ainsi qu'avec le niveau des symptômes autistiques chez les jeunes enfants TSA et semble prédire le niveau d'évolution sur le plan du langage une année plus tard.   

7. Référence : Godel M, Robain F, Kojovic N, Franchini M, Wood de Wilde H, Schaer M. Distinct Patterns of Cognitive Outcome in Young Children With Autism Spectrum Disorder Receiving the Early Start Denver Model. Frontiers in Psychiatry (2022).

  • La prise en charge précoce des enfants avec haut risque au TSA utilisant la Méthode ESDM est associée à une évolution positive dans la majorité des participants. Les enfants ayant déjà au départ un niveau plus élevé du développement (retard léger) manifestent sans surprise après deux ans de suivi une évolution positive sur le plan cognitif et de la capacité adaptative. Parmi les enfants ayant au départ un retard assez important du développement, ceux qui ont montré une amélioration significative durant les 6 premiers mois (surtout au niveau de la compréhension du langage et de la flexibilité dans l'engagement communicatif) manifeste également une évolution encourageante durant les 2 ans de suivi. Une minorité des participants (ayant un retard important au départ et sans avoir montré d'évolution significative durant les 6 premiers mois de suivi) manifeste une évolution assez pauvre au bout de 2 ans de suivi. Ces trajectoires développementales différentes montrent la grande hétérogénéité du TSA et la nécessité de mettre en place d'autres études afin de trouver des interventions plus ciblées permettant une meilleure évolution chez ces enfants "non-répondants".       

6. Référence : Carpenter, K.L., Davis, N.O., Spanos, M. et al. Adaptive Behavior in Young Autistic Children: Associations with Irritability and ADHD Symptoms. Journal of Autism and Developmental Disorders (2022).

  • Après avoir contrôlé dans leur analyse l'impact de la symptomatologie du déficit d'attention et d'hyperactivité, les auteurs de cet article trouve un lien statistiquement significatif entre le niveau d'irritabilité et le degré des difficultés dans l'adaptation sociale chez les enfants TSA âgés de 3 - 7 ans.

5. Référence : M. Muuvila, T.M. Helminen, E. Lehtonen, K. Eriksson, T. Charman, A. Kylliäinen. Feasibility and preliminary efficacy of motivating eye gaze in young children on autism spectrum through parent-mediated intervention. Research in Autism Spectrum Disorders (2022).

  • Dans cette étude,  les parents des enfants TSA âgés de 2.5 - 5,5 ans ont appris à entrainer leur enfant l'orientation oculaire vers la la zone des yeux et du visage durant la procédure de demande, d'imitation et d'activités physiques. Le renforcement avec réaction affective positive est constamment utilisé. La qualité du regard communicatif et de l'engagement attentionnel dans l'interaction de ces enfants est évaluée au départ, 4-6 mois et 2 ans après le début de cette intervention parentale. Le résultat montre une amélioration significative et encourageante chez les enfants TSA qui ont bénéficié cette intervention parentale, ce qui n'est le cas chez les enfants TSA du groupe contrôle.

4. Référence : Alfageh, B.H., Besag, F.M.C., Gao, L. et al. Antipsychotic Medication and Risk of Incident Seizure in People with Autism Spectrum Disorder: Analyses with Cohort and Within Individual Study Designs. Journal of Autism and Developmental Disorders, 52, 4817–4827 (2022).

  • Les médicaments antipsychotiques peuvent baisser le seuil de crise épileptique et certaines études ont déjà rapporté des crises épileptiques suite aux traitements antipsychotiques. Cette étude a comparé le taux de crise épileptique survenue après la mise en place d'un traitement psychotrope chez les individus avec un TSA. Leur analyse montre que les traitements antipsychotiques ne sont pas associés à un taux significativement plus élevé de crise épileptique par rapport aux autres traitements psychotropes chez leur participants avec un TSA.   

3. Référence : Haskins, A. J., Mentch, J., Botch, T. L., Garcia, B. D., Burrows, A. L., & Robertson, C. E. (2022). Reduced social attention in autism is magnified by perceptual load in naturalistic environments. Autism Research.

  • Les auteurs de cet article ont étudié l'impact de la surcharge perceptive sur l'allocation attentionnelle sociale chez les adultes avec ou sans TSA, utilisant l'eye-tracking et la réalité virtuelle en 3D. Les scénarios statiques, dynamiques et multisensoriels représentent les 3 niveaux de charge perceptive utilisés comme stimuli expérimentaux. Les participants TSA comme contrôles, renforcent leur attention socialement orientée lors de la charge perceptive augmente. Ce renforcement attentionnel est toutefois significativement plus élevée chez les participants contrôles (qui se concentrent plus sur les informations sociales au détriment des informations non sociales lors d'une surcharge perceptive). Ce renforcement semble moins élevé chez les participants TSA qui maintiennent une allocation attentionnelle relativement plus "diffuse". Le niveau de ce renforcement attentionnel vers les stimuli sociaux lors des surcharges perceptives est corrélée avec le degré des traits autistiques. L'environnement réel de la vie quotidienne est constamment multisensoriel et peut représenter pour les individus TSA une surcharge constante sur le plan perceptive et ainsi impacter leur niveau d'allocation de l'attention sociale.

2. Réréfence : Shurtz, L., Schwartz, C., DiStefano, C., McPartland, J. C., Levin, A. R., Dawson, G., Kleinhans, N. M., Faja, S., Webb, S. J., Shic, F., Naples, A. J., Seow, H., Bernier, R. A., Chawarska, K., Sugar, C. A., Dziura, J., Senturk, D., Santhosh, M., & Jeste, S. S. (2022). Concomitant medication use in children with autism spectrum disorder: Data from the Autism Biomarkers Consortium for Clinical Trials. Autism.

  • Les enfants TSA avec un traitement médicamenteux sont souvent exclus des essais cliniques pour que le résultat de l'étude ne soit pas impacté par la médication de base, mais cela signifie que ces études ne peuvent pas réellement représenter la population avec TSA. Cette étude avec 280 participants TSA d'âge scolaire montre que 42.5% de ces enfants prennent quotidiennement une médication (dont la moitié sous plusieurs médicaments). La mélatonine, les psycho-stimulants, les SSRI, l'alpha-agonist, les antipsychotiques sont les médicaments les plus souvent prescrits, visant les troubles du sommeil, le déficit d'attention et l'hyperactivité, les troubles d'humeur et d'anxiété, les troubles du comportement. Les enfants traités par une poly-médication sont souvent aussi ceux qui présentent plus de difficultés développementales. Les cliniciens doivent prendre précaution dans leur prescription d'une poly-médication. Les effets secondaires éventuels de chaque traitement pourrait impacter de manière non négligeable le comportement et le développement.  

1. Référence : Brewer, N., Lucas, C. A., Lim, A., & Young, R. L. (2022). Detecting dodgy behaviour: The role of autism, autistic traits and theory of mind. Autism.

  • Le lien entre la théorie de l'esprit et la capacité individuelle à détecter les comportements douteux dans l'interaction sociale a été étudié chez les adultes avec et sans TSA. Les auteurs n'ont pas trouvé de différence statistiquement significative entre les deux groupes. Une pauvre performance dans la théorie de l'esprit augmente toutefois le risque individuel d'être impliqué (piégé) ou devenir victime dans la criminalité, indépendamment de l'autisme.